vendredi 27 mai 2011

Voyage dans le Maramureș

Après les dix jours intenses du festival Transeuropa (et les semaines qui l'ont précédé), des vacances s'imposent. Départ pour la région du Maramureș, au Nord de la Roumanie. Quelques cartes :

La Roumanie

Le Maramureș


Voyage de Baia Mare à Satu Mare, puis Sighetu Marmației, retour sur mes pas à Săpânța, direction l'Est pour Vișeu de Sus en passant par Bârsana, excursions dans les montagnes du Maramureș avec le train vapeur Mocanița, fin du voyage dans le village de Șieu (pour prononcer les noms de ses villes, ș = [ch], ț = [ts], ă = [eu], â = son inexistant en français, ressemblant plus ou moins à [eu])

Le voyage commence en train. C'est étrange d'être à la gare de Cluj-Napoca avec mon gros sac à dos. J'ai l'allure d'une touriste qui débarque, et pourtant je vis ici. Je me souviens très clairement ma toute première arrivée dans cette gare, l'errance des premières minutes, le temps de trouver ses marques, le soulagement de trouver un conciergerie où laisser mon sac, la longue rue Horea menant au centre-ville, très tôt un matin ensoleillé de juillet... Départ du train : ce voyage à "l'inconnu" me rappelle la Bulgarie. Ca m'avait manqué. Après coup, il semble naturel que telle ville suive telle autre, mais durant tout le voyage, rien n'est vraiment prévu : je décide chaque jour du suivant.

Première étape : Baia Mare, "la grande mine", la capitale du Maramureș. Robert, un Couchsurfer, m'accueille à la gare. Dîner international : soupe roumaine, far breton, chicha arabe. Le passage à Baia Mare sera assez court, juste un jour, car j'aimerais plus voir la campagne du Maramureș que ses villes. Baia Mare est un petite ville assez charmante, dans laquelle je me promène une journée. Je me retrouve notamment dans le musée des montres (l'un des plus grands de Roumanie, me dit l'employée) puis dans le musée du village, où d'originales maisons traditionnelles de toute la région ont été déplacées. Pas de photos : j'ai oublié ma carte SD à Cluj - j'en achète une seulement le soir. Merci Robert pour l'accueil !



Retour à la gare de Baia Mare, cette fois pour prendre un microbus pour Satu Mare. Une jeune femme Rom mendie avec son enfant dans les bras ; le chauffeur du microbus menace de l'asperger de spray chimique : la scène paraît banale. J'essaie de prendre quelques notes pendant le trajet, mais les routes cahoteuses m'en empêchent : peu importe, le paysage est beau.

A la gare de Satu Mare, je retrouve Kinga et son père, Couchsurfers hongrois de Roumanie. Nous sommes à quelques kilomètres de la frontière avec la Hongrie et à une trentaine de kilomètres de l'Ukraine.
Tout de suite, Kinga et moi nous entendons très bien. Elle revient de Dublin et de Gibraltar, où elle a vécu plusieurs mois. Promenade dans la ville.

Mis à part quelques bâtiments communistes ça et là, l'architecture de la ville est intéressante. Beaucoup de maisons mériteraient d'être rénovées, mais leurs couleurs délavées par le temps leur donnent un certain charme. On dirait qu'elles gardent précieusement leurs sculptures ou mosaïques pour les passants curieux méritants, qui prennent le temps de les chercher.

La belle lumière du soir



La tour des pompiers (construite pour observer les menaces de début d'incendies)

Une ville - et un ciel - colorée
Discussions jusqu'à tard le soir. C'est étonnant comme il y a des gens avec qui on peut parler pendant des heures, de tout et de rien : c'est une question de longueurs d'ondes (j'aime bien cette expression : comme à la radio, soit on communique quelque chose, soit on n'entend rien). Il y a longtemps que j'avais envie de partir en Irlande, d'autant plus ces dernières années à cause de Paddy (qui était volontaire en Bulgarie) et d'Alice (avec qui je joue souvent de la musique irlandaise à Cluj, elle au violon et moi au "tin whistle"). Les photos de Kinga ont achevé de me convaincre.

Les graffitis ne sont pas une invention si récente...

Kinga en haut de la tour des pompiers




Dans le parc de Satu Mare

Prochaine étape : Sighetu Marmației
Dans le bus entre Satu Mare et Sighetu Marmației (que tout le monde appelle "Sighet"), mon portable se laisse tromper : "Bun venit in Ucraina !", bienvenue en Ukraine, prix de l'appel local : 1.49, SMS 0.36. Mais je ne fais en fait que longer la frontière. Le pays d'Olga... pas pour cette fois.

A Sighet, je suis accueillie chez Tünde et Christian, un couple de Couchsurfers très sympathique. Les jeunes mariés vivent dans un petite maison dans cette ville assez calme. Le soleil se couche à peine, j'en profite pour faire un tour dans la ville, et voir notamment la maison d'Elie Wiesel, sur laquelle une plaque lui rend hommage. Né ici, c'est aussi de cette maison qu'il a été déporté pour Auschwitz.


 De Sighet, je pars le lendemain pour Săpânța et son fameux "cimetière joyeux". En fait c'est un peu la suite du voyage dans les Balkans de l'été dernier, car je retrouve le voyage de Michael Palin en Europe de l'Est. Pour tracer le trajet de ce voyage dans les Balkans, j'avais acheté une grande carte, sur laquelle j'avais inscrit les lieux dans lesquels Nicolas Bouvier (L'Usage du Monde), François Maspéro (Balkans-Transit), Michael Palin (Nouvelle Europe) et Claudio Magris (Danube) étaient passés, non pas pour revivre leurs voyages, mais pour pouvoir lire leurs impressions ou réflexions sur place. J'avais justement lu le passage de Nouvelle Europe dans lequel Michael Palin raconte son passage à Săpânța, en vidéo ici

Je tente le stop en carriole, sans succès...


Le joyeux cimetière de Săpânța est l'attraction de la région, grâce à ses tombes colorées qui racontent avec beaucoup d'humour, et en rimes, l'histoire de la vie ou de la mort des personnes enterrées.

Comment meurt-on parfois dans le Maramureș (pour l'image en haut au centre, appel à vos interprétations !)

Métiers et occupations (il y a même un hautboïste)

Ces tombes sont l'œuvre d'un poète et sculpteur du village, Stan Ioan Patraş. Il a créé plus de 700 croix entre les années 1930 et sa mort, en 1977, qu'il avait préparé en sculptant lui-même la tombe où il serait enterré. Depuis et jusqu'à nos jours, son disciple, Dumitru Pop, poursuit la tradition de Săpânța.
  
Stan Ioan Patraş
Voici quelques autres images : 

Ici je me repose / Holdis Ion je me nomme / Combien j'ai vécu dans le monde / Le parti je l'ai aimé... (de toute façon à l'époque, ça aurait été dangereux d'écrire ne pas l'avoir aimé...)

Ici je me repose / Ion Lu Grigore Tomi je me nomme / J'ai travaillé dur à la mine / Et j'ai gagné beaucoup d'argent / Deux enfants j'ai eu...

Église de bois traditionnelle du Maramureș

 De retour à Sighet, visite du "Musée de la Pensée Arrêtée". De 1947 à 1974, de nombreux prisonniers politiques hostiles au régime ont été emprisonnés et torturés dans ces murs. La prison, l'une des plus importantes du pays, a été transformée en musée en 1989. Chaque cellule est consacré à un thème lié à la résistance au totalitarisme et à la répression, non seulement en Roumanie mais dans toute l'Europe de l'Est et centrale. Certaines cellules ont été gardées en état (cellules de prisonniers, salle de torture). Le musée est extrêmement bien fait, on y passe facilement des heures. Il me marque beaucoup.

Trois jeunes filles d'un groupe de danse traditionnelle visitent le musée.

Après Sighet, j'ai prévu de dormir à Bârsana, dans un monastère dans la montagne. Mais il n'accueille que les groupes de visiteurs, je continue la route.

Au monastère de Bârsana

On peut dire d'un monastère que c'est paradisiaque ?


Finalement, c'est dans une pension de Vișeu de Sus (ou "Vișeu d'en haut") que je passe la nuit. L'occasion de faire la connaissance de Julie et Nicolas, deux Français accros à la Roumanie. Echanges de contacts et de bonnes idées de festivals : Welcome In Tziganie à Auch, Maramuzical à Botiza, festival de musique traditionnelle à Șieu...


A Vișeu de Sus, l'un des derniers trains forestiers à vapeur fonctionne encore : la Mocanița. Il suit le fleuve et se perd dans la montagne. Après quelques kilomètres, il n'y a plus aucune habitation, seuls des ours, des loups, et des bûcherons (j'aurais bien fait une blague sur Michael Palin, mais il a déjà dit "no comment" ;)), travaillant dans des conditions climatiques très dures en hiver et accompagnés par les touristes en été. Le paysage est magnifique.



De Vișeu de Sus, où la Mocanița nous ramènent après quelques heures de promenade, je pars ensuite sous une chaleur terrible pour le village de Șieu. Il n'est pas sur ma carte de Roumanie et je l'ajoute à la main à partir d'une carte de la région trouvée à Bogdan Voda. En chemin, rencontre avec un groupe d'Allemands d'un club artistique en voyage quelques jours en Roumanie. Ils semblent aussi intrigués de ma présence dans ce village que le sont les Roumains et me posent pleins de questions. C'est peut-être aussi l'effet groupe qui donne tant d'intérêt à quelqu'un d'extérieur et de nouveau.

Les trous dans la route, parfois plus profonds que sur la photo, obligent les chauffeurs à rouler parfois alternativement des deux côtés de la chaussée.

A Șieu, la première mission est de trouver où dormir, pour me décharger du sac à dos. Le village est construit autour d'une longue rue, le long de laquelle les "vieux et vieilles" du village sont assis sur des bancs (les leurs : ils les sortent la journée et les rentrent le soir) et discutent ou regardent les passants.


Ils ne manquent bien sûr pas de me demander ce que je cherche, qui je suis, d'où je viens, et toutes les questions qui suivent (où j'habite en Roumanie, ce que je fais à Cluj, si je suis mariée, où vit ma famille, ce que je pense du Maramureș, combien de temps je reste à Șieu, etc.). Le temps de chercher, je fais quelques allers-retours dans cette même rue et finit par m'arrêter auprès de Marișca et de ses amies. Elle me propose de rester dormir chez elle. Marișca est une vieille femme adorable. Elle vit avec son mari et sa belle-sœur, cultive un petit jardin et élève des poules, ce qui permet de s'en sortir avec une maigre retraite. La maison est décorée de tissus aux motifs traditionnels du Maramureș qu'elle a elle-même tissés.

Scène d'interculturalité gastronomique. Marișca et sa belle-sœur posent devant le far breton que je leur ai cuisiné, puis on mange roumain : soupe au chou, sarmale et lait d'agneau (très épais)

Chez mes hôtes de Șieu
Ce dimanche est une fête religieuse importante pour les orthodoxes. Je me réveille aux cloches de l'église en face de la maison.

Tout le monde porte ses plus beaux habits : est-ce pour cette fête religieuse ou pour le festival qui commence dans l'après-midi ?

Voici une photo que j'avais très envie et peur (que "ça ne se fasse pas", qu'elle se retourne) de prendre.


Les coussins sur les sièges vus de l'étage, après la cérémonie


Dimanche matin à Șieu. Difficile de ne pas se sentir profondément paisible.

Devant la maison. Marișka porte une jupe bleue à pois, son mari se tient derrière et sa belle-sœur est à droite sur cette photo. Avant chaque photo, toutes les femmes prennent garde de bien refaire leur fichu. C'est une tradition de le porter ; on m'a dit aussi que c'est pratique quand les cheveux sont mal coiffés, c'est enfin c'est un accessoire de mode, aux couleurs assorties aux tenues.

Ouverture du festival avec la parade dans la grande rue. D'abord, des chevaux couverts de toutes sortes de guirlandes, puis les enfants en costumes traditionnels, des danseurs, des musiciens...

Les spectacles ont lieu dans un salle, pleine à craquer.



Sœurs

Irish session dans un coin de verdure

Retour à Cluj en voiture avec Alice et Antonio, venus pour le weekend dans le Maramureș, le long de la magnifique route dans la vallée de la Sălăuța. Dernier arrêt à quelques kilomètres de Cluj, pour un festival de musique traditionnelle qui a lieu dans les ruines d'un château (à en croire les panneaux, à l'époque de sa gloire c'était le Versailles de la région). 

Je rentre à Cluj avec l'impression, pas tout à fait fausse, d'être partie beaucoup plus d'une semaine : c'est vrai aussi que je ne suis restée que deux jours chez moi entre Paris-Sofia et le Maramureș, et que cette semaine a été particulièrement remplie de lieux et de rencontres.

Dans le prochaine épisode de cette série pas toujours très régulière, je vous donnerai des nouvelles de ce qui se passe (et il s'en passe des choses) à Cluj, et des dernières aventures (et mésaventures) en Bulgarie (en train, bus, taxi, et télésiège entre Ruse, Veliko Turnovo, Sliven, Karandila et Stara Zagora). A suivre...

dimanche 15 mai 2011

Transeuropa Festival

Le festival Transeuropa : qu'est-ce que c'est ?

Long time no see : non, je n'ai pas oublié ce blog, mais les dernières semaines ont été très agitées. Avant de vous raconter (bientôt) le voyage dans le Maramureș roumain, voici quelques morceaux choisis du festival Transeuropa, qui a eu lieu du 4 au 15 mai à Cluj-Napoca, Paris, Sofia, Londres, Berlin, Édimbourg, Bratislava, Lublin, Cardiff, Bologne, Amsterdam et Prague. Plus de 300 événements, des équipes de volontaires qui arrêtent de dormir pendant une semaine à travers l'Europe, des activistes qui voyagent d'une ville à l'autre, un journal du festival donnant chaque jour des nouvelles des événements dans les 12 villes du festival, des concerts, balades, expos, débats, flash-mobs... : c'est un peu tout ça (et plus), le festival Transeuropa. Sauf don d'ubicuité, on ne peut physiquement qu'avoir une version partielle du festival : je ne vous raconte donc pas le festival, mais la version que j'ai vécue, qui commence à Cluj, continue à Paris, se poursuit à Sofia puis, la boucle se bouclant, à nouveau à Cluj.

Début mai, c'était à prévoir, on a commencé à ne plus vivre que pour le festival Transeuropa, à en rêver (quand il ne s'agissait pas de cauchemars), à en parler tout le temps. Puis, quelques jours avant le début, vient le moment où le stress agit comme anesthésiant : peut-être que pour se protéger des attaques cardiaques, le corps et l'esprit simulent une forme de paix ou d'indifférence, qui n'en est pas vraiment.

Le programme du festival suscite déjà des créations artistiques. Au théâtre national hongrois (pour Caligula de Camus, en hongrois surtitré en roumain - c'est là que j'étais contente de connaître l'histoire)

Soirée affichage dans les bars de la ville, avec Diana, Anna et Daniel

Le festival Transeuropa s'ouvre à Cluj-Napoca le mercredi 4. On découvre l'installation artistique de Can Altay, qui a travaillé sur quatre espaces : Londres, Paris, Bologne et Cluj. Soirée de projection de court films, notamment liés (mais pas seulement) par la question de la transition vers le capitalisme en Europe post-communiste et du nationalisme, en présence d'une des réalisatrices, Joanne Richardson
Retour à Paris pour quelques jours, après quelques mois d'absence. Galina, ma coloc, et Denes et Csilla de Cluj m'accompagnent. L'aéroport de Cluj, comme celui de Beauvais, commence à m'être familier. Retrouvailles avec mes collègues à distance, Alexandra, Luigi et Ségolène, puis avec des amis. Le festival commence ici le lendemain : je revis l'agitation et l'excitation de la dernière journée de préparation.

La soirée d'ouverture a lieu au Comptoir Général, dans le 10e :  un endroit magique, dans lequel on entre par un long couloir tapissé en rouge, où pend un vélo du plafond ; au fond, le gardien nous attend dans une loge digne d'un théâtre ; sur la gauche, une salle de classe aux chaises, tableaux et bibliothèques authentiques, ainsi qu'un cabinet de curiosité où s'accumulent tous types d'animaux empaillés ; dans le bar, un studio photo côtoie des affiches de coupes afros des années 1980. Difficile de décrire l'ambiance -très sympathique- de l'endroit, il faut y aller. Moment d'émotion quand Rona Hartner arrive, simple et rayonnante, pour les essais avant le concert. C'est un vrai honneur pour nous d'ouvrir le festival avec elle. L'heure H arrive enfin : la salle est bondée, il n'y a pas assez de chaises. Geneviève Fraisse a remplacé au pied levé Julia Kristeva et discute du féminisme et des questions de genres. Puis Rona Hartner enflamme la salle par ses chansons. En plus de voir cet événement pour lequel j'ai travaillé se réaliser, ce concert a une importance particulière pour moi, car le dernier soir à Paris avant le départ pour Cluj-Napoca, j'étais justement à un concert de Rona Hartner, côté public et non organisation cette fois. Si je pouvais aller à un de ses concerts chaque fois que je quitte ou arrive à Paris...

Quelques images du festival parmi tous les événements :

Rona Hartner et DJ Tagada
Balade dans le quartier de la Goutte d'Or et la Chapelle avec le géographe et urbaniste Vasoodeven Vuddamalay
Exposition du making-of de "Story-Board de Vie" de Franck Boucher


Pancartes, Laura Todovan et Olivier Peyroux (Art is not dead)
L'installation de Can Altay à l'Espace Jemmapes, Maison du Festival à Paris
Kiss me for Equality ! En simultané à Paris et Amsterdam, flash-mob contre l'homophobie

Journée contre les discriminations pour la fête de l'Europe à Montreuil : lectures de textes sur les Roms et expo photo, jeu de la Cimade sur les migrants (à télécharger sur leur site), activités autour de la Bulgarie et de la Roumanie (ici, découverte du cyrillique...)


Tout d'un coup, tous ces événements dont on parlait depuis des mois avec l'équipe d'Alternatives Européennes Paris sont passés. La petite valise que m'a prêtée Alice la Couchsurfeur autralienne de Cluj, après avoir vu Saint-Maur chez Claire, Paris chez Marie-France et Chatou-sans-x chez Caro, continue son périple vers la Bulgarie.

Pas de photos à Sofia... Mais beaucoup de souvenirs ! L'événement qui m'a le plus marquée était la "carte poétique des frontières cachées de Sofia", une chasse aux trésors dans le quartier du "jenski pazar" (le marché des femmes). Des lieux étaient localisés par des numéros sur une vieille carte du quartier. Il fallait d'abord les retrouver, ce qui n'étaient pas toujours simple car les rues ont parfois changé de noms, et parfois même de formes au gré des constructions et destructions. Puis, pour chaque lieu correspondait un petit poème écrit pour l'occasion par un poète contemporain bulgare, auquel manquait un mot, que nous devions retrouver en nous aidant d'indices dans le poème et dans l'espace où nous nous trouvions. Le nombre de mots trouvés déterminait le gagnant, mais on pouvait compenser nos lacunes par des photos intéressantes ou des anecdotes racontées par des gens du quartier. Une très belle idée !

C'était la première fois que je revenais à Sofia depuis le mois de septembre, pour le Balkan Youth Festival, c'est-à-dire en fait depuis mon départ de Bulgarie pour la France. Belle surprise dans le bus très matinal de la porte Maillot pour l'aéroport de Beauvais : Valya, une amie bulgare que je n'avais pas revu depuis longtemps, était dans ce même bus. Double coïncidence, car j'avais aussi par hasard pris le même avion Sofia-Paris que Valya en août dernier ! Arrivée à Sofia, mon premier réflexe fut de retourner "chez Toni" : rien n'avait changé, du menu au décor en passant par les habitués, toujours au rendez-vous, surpris de me revoir là. De l'autre côté de la rue Rakovski, même surprise au bureau du BYF. Une ombre cependant dans la joie de ces retrouvailles : tout le monde m'en a parlé en Bulgarie, si on pensait que la crise était là l'année dernière, on n'avait rien vu. Difficile de joindre les deux bouts... 

Mais les choses continuent de tourner. Je ne connais plus les volontaires SVE à Sofia, mais ceux que je rencontre notamment à la Maison Rouge sont très sympas. Ani (de Londres) est aussi de retour, Delyan, Darina, Sacho sont là bien sûr, Miglen vient de Pernik, je croise par hasard le trio Vicky, Itso et Asparuh... sans oublier Ivo, Dena et leurs parents, qui m'accueillent avec beaucoup de générosité. Cette fois je n'ai pas croisé Zlati, il aurait  peut-être fallu rester un peu plus longtemps.

Le festival touche à sa fin : après une semaine d'absence et une vingtaine d'heures de train de Sofia, me voici de retour à Cluj-Napoca en Roumanie. Une rencontre étonnante entre Rusé et Bucarest : un contrôleur turc (rien d'étonnant jusqu'ici pour un train qui fait Istanbul-Bucarest), qui parle toutes les langues des pays qu'il traverse en train ! Il parle un bulgare presque parfait, assez en tout cas pour que je ne distingue pas qu'il n'était pas Bulgare. Je l'entends parler aussi roumain, qu'il maîtrise bien, comme encore le serbe. Les trains, c'est un peu un concentré de vie, pour utiliser une "formule" : on y trouve vraiment tous types de gens et d'histoires.

A Cluj-Napoca, des amis du réseau Transeuropa sont arrivés, comme Jonmar d'Amsterdam ou Tilman de Londres.


Jonmar a amené son bureau portatif. Participez à son projet sur l'identité européenne sur son site !
Le festival investit la place Muzeului pour un après-midi d'échanges d'objets et de talents, d'expression et de création, de jeu avec l'espace public.
Cours de violon avec Alice, puis jam session sur la place
"Space, Motion, Emotion" : atelier sur l'espace et les émotions, puis création commune de la cité idéale avec UMakArt, de République Tchèque
Enfin, comme le festival Transeuropa a commencé à Cluj le 4 mai, il s'y termine aussi, le 15. La dernière journée est consacrée au forum final sur les Roms : l'occasion de revoir Alayna (et son collègue de Hors la rue Damien Nantes) pour quelques heures. Enfin, soirée de clôture électro-balkanique à la Casa Tranzit, pour finir en beauté ces dix jours intenses !