dimanche 15 mai 2011

Transeuropa Festival

Le festival Transeuropa : qu'est-ce que c'est ?

Long time no see : non, je n'ai pas oublié ce blog, mais les dernières semaines ont été très agitées. Avant de vous raconter (bientôt) le voyage dans le Maramureș roumain, voici quelques morceaux choisis du festival Transeuropa, qui a eu lieu du 4 au 15 mai à Cluj-Napoca, Paris, Sofia, Londres, Berlin, Édimbourg, Bratislava, Lublin, Cardiff, Bologne, Amsterdam et Prague. Plus de 300 événements, des équipes de volontaires qui arrêtent de dormir pendant une semaine à travers l'Europe, des activistes qui voyagent d'une ville à l'autre, un journal du festival donnant chaque jour des nouvelles des événements dans les 12 villes du festival, des concerts, balades, expos, débats, flash-mobs... : c'est un peu tout ça (et plus), le festival Transeuropa. Sauf don d'ubicuité, on ne peut physiquement qu'avoir une version partielle du festival : je ne vous raconte donc pas le festival, mais la version que j'ai vécue, qui commence à Cluj, continue à Paris, se poursuit à Sofia puis, la boucle se bouclant, à nouveau à Cluj.

Début mai, c'était à prévoir, on a commencé à ne plus vivre que pour le festival Transeuropa, à en rêver (quand il ne s'agissait pas de cauchemars), à en parler tout le temps. Puis, quelques jours avant le début, vient le moment où le stress agit comme anesthésiant : peut-être que pour se protéger des attaques cardiaques, le corps et l'esprit simulent une forme de paix ou d'indifférence, qui n'en est pas vraiment.

Le programme du festival suscite déjà des créations artistiques. Au théâtre national hongrois (pour Caligula de Camus, en hongrois surtitré en roumain - c'est là que j'étais contente de connaître l'histoire)

Soirée affichage dans les bars de la ville, avec Diana, Anna et Daniel

Le festival Transeuropa s'ouvre à Cluj-Napoca le mercredi 4. On découvre l'installation artistique de Can Altay, qui a travaillé sur quatre espaces : Londres, Paris, Bologne et Cluj. Soirée de projection de court films, notamment liés (mais pas seulement) par la question de la transition vers le capitalisme en Europe post-communiste et du nationalisme, en présence d'une des réalisatrices, Joanne Richardson
Retour à Paris pour quelques jours, après quelques mois d'absence. Galina, ma coloc, et Denes et Csilla de Cluj m'accompagnent. L'aéroport de Cluj, comme celui de Beauvais, commence à m'être familier. Retrouvailles avec mes collègues à distance, Alexandra, Luigi et Ségolène, puis avec des amis. Le festival commence ici le lendemain : je revis l'agitation et l'excitation de la dernière journée de préparation.

La soirée d'ouverture a lieu au Comptoir Général, dans le 10e :  un endroit magique, dans lequel on entre par un long couloir tapissé en rouge, où pend un vélo du plafond ; au fond, le gardien nous attend dans une loge digne d'un théâtre ; sur la gauche, une salle de classe aux chaises, tableaux et bibliothèques authentiques, ainsi qu'un cabinet de curiosité où s'accumulent tous types d'animaux empaillés ; dans le bar, un studio photo côtoie des affiches de coupes afros des années 1980. Difficile de décrire l'ambiance -très sympathique- de l'endroit, il faut y aller. Moment d'émotion quand Rona Hartner arrive, simple et rayonnante, pour les essais avant le concert. C'est un vrai honneur pour nous d'ouvrir le festival avec elle. L'heure H arrive enfin : la salle est bondée, il n'y a pas assez de chaises. Geneviève Fraisse a remplacé au pied levé Julia Kristeva et discute du féminisme et des questions de genres. Puis Rona Hartner enflamme la salle par ses chansons. En plus de voir cet événement pour lequel j'ai travaillé se réaliser, ce concert a une importance particulière pour moi, car le dernier soir à Paris avant le départ pour Cluj-Napoca, j'étais justement à un concert de Rona Hartner, côté public et non organisation cette fois. Si je pouvais aller à un de ses concerts chaque fois que je quitte ou arrive à Paris...

Quelques images du festival parmi tous les événements :

Rona Hartner et DJ Tagada
Balade dans le quartier de la Goutte d'Or et la Chapelle avec le géographe et urbaniste Vasoodeven Vuddamalay
Exposition du making-of de "Story-Board de Vie" de Franck Boucher


Pancartes, Laura Todovan et Olivier Peyroux (Art is not dead)
L'installation de Can Altay à l'Espace Jemmapes, Maison du Festival à Paris
Kiss me for Equality ! En simultané à Paris et Amsterdam, flash-mob contre l'homophobie

Journée contre les discriminations pour la fête de l'Europe à Montreuil : lectures de textes sur les Roms et expo photo, jeu de la Cimade sur les migrants (à télécharger sur leur site), activités autour de la Bulgarie et de la Roumanie (ici, découverte du cyrillique...)


Tout d'un coup, tous ces événements dont on parlait depuis des mois avec l'équipe d'Alternatives Européennes Paris sont passés. La petite valise que m'a prêtée Alice la Couchsurfeur autralienne de Cluj, après avoir vu Saint-Maur chez Claire, Paris chez Marie-France et Chatou-sans-x chez Caro, continue son périple vers la Bulgarie.

Pas de photos à Sofia... Mais beaucoup de souvenirs ! L'événement qui m'a le plus marquée était la "carte poétique des frontières cachées de Sofia", une chasse aux trésors dans le quartier du "jenski pazar" (le marché des femmes). Des lieux étaient localisés par des numéros sur une vieille carte du quartier. Il fallait d'abord les retrouver, ce qui n'étaient pas toujours simple car les rues ont parfois changé de noms, et parfois même de formes au gré des constructions et destructions. Puis, pour chaque lieu correspondait un petit poème écrit pour l'occasion par un poète contemporain bulgare, auquel manquait un mot, que nous devions retrouver en nous aidant d'indices dans le poème et dans l'espace où nous nous trouvions. Le nombre de mots trouvés déterminait le gagnant, mais on pouvait compenser nos lacunes par des photos intéressantes ou des anecdotes racontées par des gens du quartier. Une très belle idée !

C'était la première fois que je revenais à Sofia depuis le mois de septembre, pour le Balkan Youth Festival, c'est-à-dire en fait depuis mon départ de Bulgarie pour la France. Belle surprise dans le bus très matinal de la porte Maillot pour l'aéroport de Beauvais : Valya, une amie bulgare que je n'avais pas revu depuis longtemps, était dans ce même bus. Double coïncidence, car j'avais aussi par hasard pris le même avion Sofia-Paris que Valya en août dernier ! Arrivée à Sofia, mon premier réflexe fut de retourner "chez Toni" : rien n'avait changé, du menu au décor en passant par les habitués, toujours au rendez-vous, surpris de me revoir là. De l'autre côté de la rue Rakovski, même surprise au bureau du BYF. Une ombre cependant dans la joie de ces retrouvailles : tout le monde m'en a parlé en Bulgarie, si on pensait que la crise était là l'année dernière, on n'avait rien vu. Difficile de joindre les deux bouts... 

Mais les choses continuent de tourner. Je ne connais plus les volontaires SVE à Sofia, mais ceux que je rencontre notamment à la Maison Rouge sont très sympas. Ani (de Londres) est aussi de retour, Delyan, Darina, Sacho sont là bien sûr, Miglen vient de Pernik, je croise par hasard le trio Vicky, Itso et Asparuh... sans oublier Ivo, Dena et leurs parents, qui m'accueillent avec beaucoup de générosité. Cette fois je n'ai pas croisé Zlati, il aurait  peut-être fallu rester un peu plus longtemps.

Le festival touche à sa fin : après une semaine d'absence et une vingtaine d'heures de train de Sofia, me voici de retour à Cluj-Napoca en Roumanie. Une rencontre étonnante entre Rusé et Bucarest : un contrôleur turc (rien d'étonnant jusqu'ici pour un train qui fait Istanbul-Bucarest), qui parle toutes les langues des pays qu'il traverse en train ! Il parle un bulgare presque parfait, assez en tout cas pour que je ne distingue pas qu'il n'était pas Bulgare. Je l'entends parler aussi roumain, qu'il maîtrise bien, comme encore le serbe. Les trains, c'est un peu un concentré de vie, pour utiliser une "formule" : on y trouve vraiment tous types de gens et d'histoires.

A Cluj-Napoca, des amis du réseau Transeuropa sont arrivés, comme Jonmar d'Amsterdam ou Tilman de Londres.


Jonmar a amené son bureau portatif. Participez à son projet sur l'identité européenne sur son site !
Le festival investit la place Muzeului pour un après-midi d'échanges d'objets et de talents, d'expression et de création, de jeu avec l'espace public.
Cours de violon avec Alice, puis jam session sur la place
"Space, Motion, Emotion" : atelier sur l'espace et les émotions, puis création commune de la cité idéale avec UMakArt, de République Tchèque
Enfin, comme le festival Transeuropa a commencé à Cluj le 4 mai, il s'y termine aussi, le 15. La dernière journée est consacrée au forum final sur les Roms : l'occasion de revoir Alayna (et son collègue de Hors la rue Damien Nantes) pour quelques heures. Enfin, soirée de clôture électro-balkanique à la Casa Tranzit, pour finir en beauté ces dix jours intenses !

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