dimanche 7 octobre 2012

K77 fête ses 20 ans !


Il est grand temps de remonter le temps – on rembobine de quelques mois, retour fin juin !

La maison K77 s’apprête à fêter ses 20 ans. Combien d’habitants y sont passés ? Des dizaines, des centaines ? Nous sommes en ce moment (je m’arrête pour compter) une trentaine, dont 10 enfants (bientôt 11 dans quelques semaines), héritiers de cette longue histoire qui j’espère a encore une belle vie devant soi.  


L’histoire ne commence pas il y a 20 ans pourtant, la maison étant l’un des plus vieux bâtiments du quartier, Prenzlauer Berg. En témoignent de jolies fleurs en métal dans les escaliers, ou encore l’atelier au fond de la troisième cour, ancienne écurie. Après avoir changé de nombreuses fois de mains (une histoire qui mériterait d’être approfondie - pour un post futur ?), cette maison à quelques centaines de mètres du mur, côté Berlin Est, fut abandonnée – avant / après la chute ? – jusqu’à l’arrivée en 1992 d’un groupe d’artistes décidés à lui donner une nouvelle vie.

Beaucoup de squats, de « Kommune » et de « Wohngemeinschaft » sont nés à Berlin à la même époque. Parenthèse: j'étais ce soir au "musée de la résistante de la jeunesse", une église à Friedrichshain (ex-Berlin Est) qui a accueilli le mouvement punk pendant la RDA, pour le concert de Bear Mountain Picnic Massacre - c'était une expérience de voir un groupe de rock dans une église, comme béni par une statue de Jésus sur l'autel derrière eux et surmonté par un immense orgue. Bref, une expo sur le lieu et le mouvement de résistance à la RDA (comme en Bulgarie à la fin de l'empire ottoman, l'Eglise jouait un rôle important dans la résistance, même si on n'associerait pas spontanément Eglise et punks...) montrait que plus d'une centaine de maisons avaient été occupées à Berlin Est après la chute du mur. 

Mais en 1992, de l’eau avait déjà coulé sous les ponts depuis novembre 1989 et ce n’était pas si simple d’entreprendre d’occuper une maison. Pour éviter l’expulsion par la police, les occupants organisèrent une performance artistique de longue durée, à savoir une opération chirurgicale de la maison par les artistes déguisés en chirurgien et prenant la forme d’une greffe d’un nouveau cœur. L’opération réussit, la maison a retrouvé une nouvelle jeunesse et son cœur bat toujours !

"Unser Haus", notre maison
Quelques années de luttes permirent aux habitants d’acquérir finalement un statut légal, en se formant en association, en achetant la maison en ruine pour un Deutsch Mark symbolique à son propriétaire et en louant le terrain à une autre association (d’après ce que j’en ai compris). La rénovation commença, impliquant un gros prêt à la banque, de nombreuses mains et beaucoup de bonne volonté. Deux des premiers occupants (et leurs filles qui ont toujours vécu à K77) vivent toujours ici et nous racontent parfois la vie à l’époque où il n’y avait pas d’électricité et chacun connaissait le nombre de marches entre chaque étage. Les choses ont bien changé depuis et la maison (en fait les maisons : il y en a trois, les unes derrière les autres, autour de trois cours) comporte tout le confort moderne, de l’eau et l’électricité à l’accès à Internet. Mais elle continue bien sûr d’évoluer : toutes les semaines se tient un « Plenum », une réunion où les habitants tous (ou autant que possible) discutent de toutes les questions liées à la vie de la maison, de la reconstruction du bain à l’arrivée d’une nouvelle personne, en passant par l’achat commun de nourriture ou, chaque année, le programme de la « Hoffest », ou fête de cour.

En attendant la fête...
Chaque année en juin, une fête ouverte à tous est organisée pour l’anniversaire de la maison. Tout le monde est impliqué, que ce soit pour la construction de la scène, la préparation de gâteaux, les cocktails (avec cette année un stand pour les enfants tenue par une des enfants de la maison), les spectacles et concerts…

Un far breton se cache entre le gâteau "Schtroumpf"  et  celui au citron jaune fluo...
Cette année apparemment, ce fut plutôt une petite fête : 300 personnes environ (et pas 700 comme il y a quelques années), seulement ! Je suis bluffée. Une scène fut construite dans la troisième cour, accueillant d’abord une troupe de théâtre de marionnettes, au bonheur des petits, mais pas seulement...

Une version moderne et en musique du Petit Chaperon Rouge
… puis plus tard de nombreux de concerts, du latino au rap en passant par l’opéra (si si), et mon premier concert avec les Krassnajas, une chorale déjantée de chants bulgares, macédoniens et russes !


Les anciens habitants rappent pour K77
Dommage que ce ne soit qu’une fois par an… Mais on organise une autre fête dans quelques semaines : je ne sais pas si le temps qui annonce la venue prochaine de l'hiver a inspiré ce choix, mais le thème de la soirée sera "Soviet" !